du petit scandale que leur association causait. De bonne foi il se croyait maintenant tout proche des aristocrates et des grands bourgeois qu’il voyait autour de lui, puisqu’il avait de l’argent à la banque, de beaux habits et une sorte de renommée. C’était cette extrême candeur qui faisait que Lady Hailsham s’amusait de lui sans réserve, certaine de pouvoir le manier à son gré. Un ou deux incidents, pourtant, lui donnèrent à penser.
Un matin ils venaient de quitter Rotten-Row et longeaient la Serpentine ensemble. Tout à coup un jeune homme fort élégant, à moustache militaire, salua le premier Lady Hailsham et vint lui parler. Elle l’accueillit avec une cordialité joyeuse, et ils causèrent quelques instants. À trois pas de là Patrick Malone les contemplait avec simplicité, parce qu’il n’avait pas encore appris à simuler une indifférence polie. Il entendit qu’elle appelait cet homme familièrement : « Dan » mais que lui parlait avec chaleur et semblait faire des reproches.