Page:Hémon - Maria Chapdelaine, 1916.djvu/158

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
134
MARIA CHAPDELAINE

çois a voulu venir icitte pour les fêtes… me voir », et une joie fugitive effleura son cœur comme une hirondelle rase l’eau.

— Le chantier n’était pas bien loin dans le bois, seulement à deux jours de voyage du Transcontinental, qui descend sur La Tuque : mais ça s’adonnait qu’il y avait eu un accident à la « track » qui n’était pas encore réparée, et les chars ne passaient pas. J’ai eu connaissance de tout ça par Johnny Niquette, de Saint-Henri, qui est arrivé de La Tuque il y a deux jours passés.

— Oui ?

— Quand François Paradis a su qu’il ne pourrait pas prendre les chars, il a fait une risée et dit comme ça que tant qu’à marcher il marcherait tout le chemin, et qu’il allait gagner le grand lac en suivant les rivières, la rivière Croche d’abord, et puis la rivière Ouatchouan, qui tombe près de Roberval.

— C’est correct, dit le père Chapdelaine. Ça peut se faire. J’ai passé par là.

— Pas dans cette saison icitte, monsieur Chapdelaine, sûrement pas dans cette saison icitte. Tout le monde là-bas a dit à François que ça n’avait pas de bon sens de vouloir faire ce voyage-là en plein hiver, au temps des fêtes, avec le froid qu’il faisait, peut-être bien quatre pieds de neige dans le bois, et seul. Mais il n’a fait que rire d’eux et leur dire qu’il était ac-