Page:Hémon - Maria Chapdelaine, 1916.djvu/176

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neige dure. Le père Chapdelaine commençait à s’assoupir et les guides glissaient peu à peu de ses mains ouvertes.

Une fois encore il se secoua, releva la tête et reprit à pleine voix le cantique qu’il avait entonné en quittant le village :

… Adorons-le dans le ciel,
Adorons-le sur l’autel…

Puis il se tut, son menton s’abaissa peu à peu sur sa poitrine, et il n’y eut plus sur le chemin d’autre bruit que le tintement des grelots de l’attelage.

Maria songeait aux paroles du prêtre.

— S’il y avait de l’amitié entre vous, c’est bien naturel que tu aies du chagrin. Mais vous n’étiez pas fiancés, puisque tu n’en avais rien dit à tes parents, ni lui non plus ; alors de te désoler de même et de te laisser pâtir à cause d’un garçon qui ne t’était rien, après tout, ça n’est pas bien, ça n’est pas convenable…

Et encore :

— Faire dire des messes et prier pour lui, ça c’est correct, tu ne peux pas faire mieux. Trois grand’messes avec chant et trois autres quand les garçons reviendront du bois, comme ton père l’a dit, comme de raison ça lui fera du bien et tu peux penser qu’il aimera mieux ça que des lamentations, lui, puisque ça diminuera d’autant son temps de purgatoire. Mais te