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XIII


Personne ne posa de questions à Maria, ni ce soir-là ni les soirs suivants ; mais quelque membre de la famille dut parler à Eutrope Gagnon de la visite de Lorenzo Surprenant et de ses intentions évidentes, car le dimanche d’après Eutrope vint à son tour, après le repas de midi, et Maria entendit un deuxième aveu d’amour.

François Paradis était venu au cœur de l’été, descendu du pays mystérieux situé « en haut des rivières » ; le souvenir des très simples paroles qu’il avait prononcées était tout mêlé à celui du grand soleil éclatant, des bleuets mûrs, des dernières fleurs de bois de charme se fanant dans la brousse. Après lui Lorenzo Surprenant avait apporté un autre mirage : le mirage des belles cités lointaines et de la vie qu’il offrait, riche de merveilles inconnues. Eutrope Gagnon, quand il parla à son tour, le fit timidement, avec une sorte de honte et comme découragé d’avance, comprenant qu’il n’avait rien à offrir qui eût de la force pour tenter.

Hardiment il avait demandé à Maria de ve-