Page:Hémon - Maria Chapdelaine, 1916.djvu/224

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suite dès qu’il aura su, sans les attendre. Il peut arriver dans aucun temps.

Mais la nuit approcha sans amener personne, et vers sept heures seulement des grelots se firent entendre au dehors. C’étaient le père Chapdelaine et le médecin qui arrivaient. Ce dernier entra dans la maison seul, posa son sac sur la table et commença à retirer sa pelisse en grognant.

— Avec des chemins de même, dit-il, c’est pas qu’une petite affaire de venir voir des malades. Et vous, vous êtes venus vous cacher dans le bois apparemment, le plus loin que vous avez pu. Batêche ! vous pourriez bien tous mourir sans que personne vous vienne en aide.

Il se chauffa quelques secondes au poêle, puis s’approcha du lit.

— Eh bien, la mère, on se met à être malade, tout comme les gens qui ont le moyen !

Mais après un premier examen il cessa de plaisanter.

— Elle est malade pour de bon, je cré !

C’était sans affectation qu’il parlait comme les paysans ; son grand-père et son père avaient travaillé la terre, et lui n’avait quitté la campagne que pour faire ses études de médecine à Québec, parmi d’autres garçons semblables à lui pour la plupart, petit-fils sinon fils de cultivateurs, qui avaient tous gardé des manières frustes de villageois et le lent parler