Page:Hémon - Maria Chapdelaine, 1916.djvu/238

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se leva brusquement, après un nouveau regard vers la fenêtre.

— Je vas atteler, dit-il.

Tit-Sèbe hocha la tête.

— C’est correct : vous ferez aussi bien d’atteler ; le jour va venir. De même M. le curé sera icitte pour midi.

— Oui, je vas atteler, répéta le père Chapdelaine.

Mais au moment de partir il semblait se rendre compte tout à coup qu’il se préparait à remplir une mission lugubre et solennelle, en allant chercher le Saint-Sacrement, qui annonce la mort, et il hésitait un peu, comme au seuil d’une étape irrémédiable.

— Je vas atteler.

Il se balança d’un pied sur l’autre, jeta un dernier regard sur la malade, et sortit enfin.

Le jour vint, et bientôt après le vent se leva et commença à mugir autour de la maison.

— Voilà le norouâ qui prend : il va y avoir une tempête, dit Tit’Sèbe.

Maria tourna les yeux vers la fenêtre et soupira.

— Et justement il a neigé il y a deux jours : ça va poudrer, certain ! Les chemins étaient déjà méchants ; son père et M. le curé vont avoir de la misère.

Le remmancheur secoua la tête.

— Ils auront peut-être un peu de misère en