Page:Hémon - Maria Chapdelaine, 1916.djvu/241

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La tempête s’était levée et faisait trembler les parois de la maison comme les vitres d’une fenêtre tremblent sous les rafales. Le norouâ arrivait en mugissant par-dessus les cimes du bois sombre ; sur l’espace défriché et nu qui entourait les petites constructions de bois — la maison, l’étable et la grange — il s’abattait et tourbillonnait quelques secondes, violent, mauvais, avec des bourrasques brusques qui tentaient de soulever la toiture ou bien frappaient les murs comme des coups de bélier, avant de repartir vers la forêt dans une ruée de dépit.

La maison de bois frissonnait du sol à la cheminée et semblait osciller sur sa base, si bien que ses habitants, entendant les mugissements et les clameurs aiguës de l’ennemi, sentant tout autour d’eux l’ébranlement de son choc, souffraient en vérité de presque toute l’horreur de la tempête, n’ayant pas cette impression d’asile sûr que donnent les fortes maisons de pierre.

Tit’Sèbe regarda autour de lui.

— C’est une bonne maison que vous avez là, pareil ; bien étanche et chaude… C’est-y votre père et les garçons qui l’ont levée ? Oui… Et de même vous devez avoir pas mal grand de terre faite, à cette heure…

Le vent était si fort qu’ils n’entendirent pas les grelots de l’attelage, et tout à coup la porte battit contre le mur et le curé de Saint-Henri