Page:Hémon - Maria Chapdelaine, 1916.djvu/29

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venir me trouver avant les vêpres. Si vous voulez que cet argent-là reste dans la paroisse au lieu de retourner à Québec, c’est de venir me parler pour vous faire engager vitement.

Quelques-uns allèrent vers lui ; d’autres, insouciants, se contentèrent de rire. Un jaloux dit à demi-voix :

— Et qui va être un « foreman » à trois piastres par jour ? C’est le bonhomme Laliberté…

Mais il disait cela plus par moquerie que par malice, et finit par rire aussi.

Toujours les mains dans les poches de son grand manteau, se redressant et carrant les épaules sur la plus haute marche du perron, Napoléon Laliberté continuait à crier très fort.

— Un arpenteur de Roberval va venir dans la paroisse la semaine prochaine. S’il y en a qui veulent faire arpenter leurs lots avant de rebâtir les clôtures pour l’été, c’est de le dire.

La nouvelle sombra dans l’indifférence. Les cultivateurs de Péribonka ne se souciaient guère de faire rectifier les limites de leurs terres pour gagner ou perdre quelques pieds carrés, alors qu’aux plus vaillants d’entre eux restaient encore à défricher les deux tiers de leurs concessions, d’innombrables arpents de forêt ou de savane à conquérir.

Il poursuivait :

— Il y a « icitte » deux hommes qui ont de l’argent pour acheter les pelleteries. Si vous