Page:Hémon - Maria Chapdelaine, 1916.djvu/72

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« Sainte Marie, mère de Dieu, priez pour nous maintenant et à l’heure de notre mort…

« Cœur Immaculé de Jésus, ayez pitié de nous… »

La fenêtre était restée ouverte et laissait entrer le mugissement lointain des chutes. Les premiers moustiques du printemps, attirés par la lumière, entrèrent aussi et promenèrent dans la maison leur musique aiguë. Tit’Bé, les voyant, alla fermer la fenêtre, puis revint s’agenouiller à côté des autres.

« Grand saint Joseph, priez pour nous… »

« Saint Isidore, priez pour nous… »

En se déshabillant, la prière finie, la mère Chapdelaine soupira d’un air de contentement.

— Que c’est donc plaisant de recevoir de la visite, alors qu’on ne voit presque qu’Eutrope Gagnon d’un bout de l’année à l’autre. Voilà ce que c’est que de rester si loin dans les bois… Du temps que j’étais fille, à Saint-Gédéon, la maison était pleine de veilleux quasiment tous les samedis soirs et tous les dimanches : Adélard Saint-Onge, qui m’a courtisée si longtemps ; Wilfrid Tremblay, le marchand, qui avait une si belle façon et essayait toujours de parler comme les Français ; et d’autres… sans compter ton père, qui est venu nous voir quasiment toutes les semaines pendant trois ans avant que je me décide…