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MARIA CHAPDELAINE

conversation roula naturellement sur les travaux de la terre et le soin du bétail.

— À cinq hommes, dit Eutrope, on fait gros de terre en peu de temps. Mais quand on travaille seul comme moi, sans cheval pour traîner les grosses pièces, ça n’est pas guère d’avant et on a de la misère. Mais ça avance pareil, ça avance.

La mère Chapdelaine, qui l’aimait et que l’idée de son labeur solitaire pour la bonne cause remplissait d’ardente sympathie, prononça des paroles d’encouragement.

— Ça ne va pas si vite seul, c’est vrai ; mais un homme seul se nourrit sans grande dépense, et puis votre frère Égide va revenir de la drave avec deux, trois cents piastres pour le moins, en temps pour les foins et la moisson, et si vous restez tous les deux icitte l’hiver prochain, dans moins de deux ans vous aurez une belle terre.

Il approuva de la tête et involontairement son regard se leva sur Maria, impliquant que d’ici à deux ans, si tout allait bien, il pourrait songer peut-être…

— La drave marche-t-elle bien ? demanda Esdras. As-tu des nouvelles de là-bas ?

— J’ai eu des nouvelles par Ferdinand Larouche, un des garçons de Thadée Larouche de Honfleur, qui est revenu de la Tuque le mois