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quelques municipalités, en France, ont cru pouvoir rendre la vente du pain au poids obligatoire. La municipalité d’Angers, qui figure dans ce nombre, craignant à cette époque que le passage immédiat du régime de la taxe à celui de la liberté ne produisît une transition trop brusque, adopta le système qui est encore en vigueur aujourd’hui.

Il y a douze ans que la taxe n’existe plus à Angers, une sorte d’éducation s’est faite chez le consommateur à l’égard du pain : si bien qu’aujourd’hui, mieux éclairé, le plus grand nombre achète son pain beaucoup plus à la pièce qu’exclusivement au poids et que la force des choses amène peu à peu le public à s’octroyer ce que l’on n’a pas osé lui accorder en 1863. Car il comprend de plus en plus que le boulanger mérite tout autant la confiance que les autres industriels, et que la réglementation, pour le pain ou pour la viande, ne commande point la probité, qu’au contraire elle la gêne et porte préjudice à tout le monde.

Les consommateurs, à Angers, sont parfaitement en mesure de s’en rapporter à eux pour le soin d’acheter le pain comme il leur convient, soit à la pièce, soit au volume, soit à la forme ou au poids. Il est donc juste et utile de donner au boulanger la liberté dont jouissent les autres commerçants, afin qu’il puisse mieux se prêter aux goûts et aux besoins du public, et répartir son prix de vente d’une manière équitable.

La suppression de la taxe a donné lieu dans le commerce de la boulangerie à une grande concurrence, dont le résultat, reconnu par tous les hommes compétents, est une grande amélioration générale dans la fabrication du pain à Angers.

En supprimant l’arrêté municipal, le consommateur obtiendra immédiatement des avantages considérables et on donnera en même temps au boulanger la sécurité légitime à laquelle il a droit : ce qui permettra aux industriels de réaliser des améliorations que la situation actuelle faite à la boulangerie rend tout à fait impossibles.

La réforme que je propose aura donc des conséquences très-équitables pour tout le monde.

Tout d’abord, l’acheteur au comptant pourra payer le pain à son véritable prix, suivant la qualité et les autres