Page:Héricourt - La Femme affranchie.djvu/174

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

publier l’acte de divorce, et d’exiger que les divorcés pourvoient aux besoins de leurs enfants mineurs et que l’acte de divorce, joint à celui qui constate cette obligation, accompagne la publication des bans d’un nouveau mariage : en cela, point d’injustice ni d’abus de pouvoir : car chacun subira la conséquence des actions qu’il a faites en parfaite liberté.

La jeune femme. Et l’on ne fixerait pas le nombre de fois qu’un divorcé pourrait se marier ?

L’auteur. Pourquoi faire ? fixez-vous le nombre de fois que peut se marier un veuf et une veuve ?

La jeune femme. Mais un libertin, un méchant homme pourrait se marier dix fois et rendre ainsi dix femmes malheureuses…

L’auteur. Que dites-vous là, Madame ! Vous croyez sérieusement qu’il y aura une femme assez insensée pour épouser un homme neuf fois divorcé, un homme obligé d’accompagner la publication de ses bans de neuf actes de divorce, de neuf jugements qui le condamnent à payer tant de pension pour sept, huit et plus d’enfants ! Vous croyez sérieusement qu’une femme consente à devenir la compagne d’un homme semblable ! Cet homme pourrait bien se marier deux fois, mais trois, pensez-vous que ce soit possible ?

La jeune femme. Vous avez raison, et, en réfléchissant, les mesures que vous indiquez paraîtront peut-être sévères.

L’auteur. Je le sais ; mais notre but n’est pas de favoriser le divorce ni les unions subséquentes ; c’est, tout au contraire, d’empêcher, autant que possible, l’un par la difficulté de former les autres. Or, pour cela, il n’est pas besoin de gêner la liberté