Page:Héricourt - La Femme affranchie.djvu/176

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la reproduction ; la mettre dans le cas d’être prématurément mère, est donc l’exposer à de plus grands maux.

D’abord on la force à partager entre elle et son fruit les éléments qui sont nécessaires à sa propre nutrition, ce qui affaiblit elle et l’enfant.

On arrête son développement, on altère sa constitution, on la prédispose aux affections utérines, et on l’expose à devenir valétudinaire à l’âge où elle devrait jouir d’une santé vigoureuse.

L’affaiblissement physique entraîne celui du caractère : la femme devient nerveuse, irritable, souvent fantasque ; elle n’a pu nourrir ses enfants ; elle ne sera pas capable de les élever ; elle en fera des poupées, et favorisera le développement des défauts qui, plus tard, devenant des vices, désoleront la famille et la société.

Cette femme, mère avant l’âge, non seulement ne sera pas la compagne sérieuse, la conseillère de son mari qui, étant beaucoup plus âgé qu’elle, s’en amusera comme d’une petite fille, mais toute sa vie elle sera sa pupille et rusera pour faire sa propre volonté.

Ainsi affaiblir la femme sous tous les rapports, abréger sa vie, la mettre en tutelle, préparer des générations étiolées et mal élevées, tels sont les résultats les plus clairs du mariage précoce des femmes.

Il suffirait, pour tenir les femmes dans un servage volontaire et pour organiser le harem parmi nous, de profiter de la permission de la loi qui autorise leur mariage à quinze ans.

Pour qu’une femme ne soit pas esclave, puisse être mère sans dommage pour sa santé, et au profit de la bonne organisation des