Page:Héricourt - La Femme affranchie.djvu/191

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Voilà les principes, passons à l’application.

Nous avons dit ailleurs qu’il ne suffit pas qu’une chose soit vraie d’une manière absolue, qu’il faut, sous peine de changer le bien en mal, qu’on tienne compte du milieu dans lequel on prétend l’introduire : c’est ce que les hommes oublient beaucoup trop. La vérité pratique dans notre question est qu’il n’est bon de reconnaître le droit politique que dans la mesure où il est réclamé, parce que ceux qui ne le réclament pas sont intellectuellement incapables de s’en servir et que, s’ils l’exercent, c’est, dans la plupart des cas, contre leurs propres intérêts : La prudence exigerait que l’on s’assurât que le possesseur du droit est réellement émancipé, qu’il ne sera pas l’instrument aveugle d’un homme ou d’un parti.

Or, dans l’état actuel, non seulement les femmes ne réclament pas leurs droits politiques, mais elles rient lorsqu’on leur en parle : elles se font l’honneur de se croire ineptes sur ce qui regarde les intérêts généraux : elles se reconnaissent donc incapables.

D’autre part, elles sont mineures civilement, esclaves des préjugés, dépourvues d’instruction générale, soumises pour la plupart à l’influence du mari, de l’amant ou du confesseur, en ce qui concerne la politique ; engagées en majorité dans les voies du passé. Si donc elles entraient sans préparation dans la vie politique, ou elles doubleraient les hommes, ou elles feraient reculer l’humanité.

Vous comprenez maintenant. Madame, pourquoi beaucoup de femmes plus capables qu’une infinité d’hommes de concourir aux grands actes politiques, aiment mieux y renoncer que de