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C’est vrai : mais croyez-vous qu’affirmer cela, suffise pour améliorer, transformer les méthodes d’éducation ?

Est-ce que les paroles, les plaintes, les protestations peuvent changer quelque chose ?

Ce n’est pas se lamenter qu’il faut : c’est agir.

Ce n’est pas seulement demander justice et réforme qu’il faut : c’est travailler soi-même à la réforme, c’est prouver par ses œuvres qu’on est digne d’obtenir justice ; c’est prendre résolument la place contestée ; en un mot, c’est avoir de l’intelligence, du courage et de l’activité.

Sur qui donc auriez-vous le droit de compter, si vous vous abandonnez vous-mêmes ?

Est-ce sur les hommes ? Votre incurie, votre silence ont en partie découragé ceux qui soutenaient votre Droit ; c’est à peine s’ils vous défendent contre ceux qui, pour vous opprimer, appellent à leur aide toutes les ignorances, tous les despotismes, tous les égoïsmes, tous les paradoxes qu’ils méprisent eux-mêmes lorsqu’il s’agit de leur sexe.

L’on vous insulte, l’on vous outrage, l’on vous nie ou l’on vous plaint, afin de vous asservir, et c’est à peine si vous vous en indignez !

Quand donc aurez-vous honte du rôle auquel on vous condamne ?

Quand donc répondrez-vous à l’appel que des hommes intelligents et généreux vous ont fait ?

Quand donc cesserez-vous d’être des photographies masculines, et vous déciderez-vous à compléter la Révélation de l’humanité, en faisant enfin entendre le Verbe de la Femme dans la Religion, la Justice, la Politique et la Science ?