Page:Héricourt - La Femme affranchie.djvu/244

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 238 —

dernières : ainsi, leur direz-vous, si les domestiques n’employaient pas leur temps comme ils le font, je n’aurais pas celui de vous élever. Que serait-ce si j’étais obligée de bâtir ma maison, de fabriquer mes meubles, de tisser, de tailler, de coudre mes vêtements, mon linge ? Vous le voyez, mes enfants, toute fonction utile est honorable et nécessaire pour l’accomplissement des autres ; nous devons donc égard et respect à tous ceux qui en remplissent, quelque humbles qu’elles soient. Rappelez-vous qu’on ne vaut dans la société que par le travail, puisque la société est basée sur le travail : notre devoir est donc de nous mettre en état de remplir une fonction utile à nous et aux autres, et qui donne lieu à l’échange des services.

Vous ne permettrez pas, Madame, que vos élèves renoncent jamais à faire une chose possible qui n’est pas au dessus de leurs forces, ni qu’elles se soumettent à ce qu’elles peuvent éviter : rappelez-vous que la résignation au mal physique et moral dont on peut triompher, n’est pas sagesse, mais lâcheté ; que cette résignation là est l’ennemie du Progrès et l’auxiliaire de la tyrannie.

Je n’ai nul besoin de vous rappeler que vous devez ménager beaucoup la dignité de vos élèves et ne leur faire de réprimandes publiques que dans des cas rares et exceptionnels. Presque toujours, pour ne pas dire toujours, prenez à part l’élève qui a fait une faute, et demandez-lui avec calme et bonté pourquoi elle a commis un acte répréhensible ; dites-lui qu’elle s’imagine avoir eu raison ; que vous êtes prête à l’entendre ; forcez-la, par une suite d’interrogations mises à sa portée, à convenir de son tort et à trouver le moyen de le réparer. S’il est