Page:Héricourt - La Femme affranchie.djvu/269

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Vous me direz, Madame, que le plan que je viens d’ébaucher sur votre demande, exige un ensemble de connaissances que vous ne possédez pas. Je le sais : aussi je vous conseille de vous entourer de collaboratrices qui aient une ou deux spécialités : mais votre devoir est d’assister aux leçons, et de veiller à ce que jamais on ne s’éloigne de la direction rationnelle.

Vous serez peut-être obligée, au début, d’employer quelques professeurs de l’autre sexe ; mais vous rechercherez celles d’entre vos enfants qui ont des vocations spéciales ; vous les cultiverez et au bout de quelques années, votre établissement n’aura que des professeurs femmes.

Le genre d’éducation que je vous propose d’appliquer. Madame, fera de vos élèves des femmes simples, fortes, vigoureuses, sérieuses et raisonneuses, plus instruites que la plupart des hommes instruits d’aujourd’hui ; elles seront en état de réformer la famille, de faire transformer les lois qui subalternisent leur sexe.

Elles prouveront, par leurs œuvres, ce qui est la meilleure et la plus sûre des preuves, que la rationalité est égale chez les deux sexes ; que la chose doit être ainsi pour qu’ils soient socialement égaux. Le Sentiment et la Raison n’égalisent pas les êtres, parce que le premier doit être dirigé, contenu, réformé par la seconde. En conséquence ceux qui prétendent que, chez l’homme, prédomine la Raison et chez la femme le Sentiment, bien loin d’égaliser les sexes par l’équivalence, doivent continuer à subordonner la femme à l’homme. La Raison étant en toute créature humaine ce qui juge de la vérité des rapports, ce qui établit l’ordre, si l’homme en était doué plus que la femme, il serait