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a pour but l’amendement du coupable, et doit être proportionnée à l’intention et à la gravité du délit ; vous ne pourriez donc, sans contradiction, leur représenter la Divinité vouant la race humaine au malheur et au crime pour le péché d’un seul ; sévissant dans un but de vengeance, non d’amélioration, condamnant la créature punie à vouloir éternellement le mal, ce qui équivaut, dans le législateur tout puissant, à l’amour du mal.

Elles sauront que le bien et le mal moral sont des faits de liberté et que chacun doit, logiquement, subir les conséquences de ses actes pour qu’il y ait Justice ; vous ne pourriez donc, sans contradiction, leur enseigner que, quelles que soient leurs œuvres, elles sont prédestinées par la volonté divine, à un bonheur ou à un malheur éternel.

Elles seront persuadées que nous sommes solidaires, que nul ne saurait pécher sans que la société ne soit en partie coupable, conséquemment en partie responsable ; que toute faute est à la fois individuelle et sociale ; que nous sommes liés comme les organes d’un même corps ; vous ne pourriez donc, sans les démoraliser et contredire tous vos enseignements, leur dire qu’on peut se sauver seul, et que, si elles sont sauvées, elles auront du bonheur à voir souffrir à leurs semblables des supplices atroces et sans fin.

Dans ce qu’elles voient, savent, connaissent, elles constateront la loi de progrès, c’est à dire de mouvement ascendant ; la récompense des efforts de la nature et de l’humanité dans un accroissement de puissance et de travail ; vous ne pourriez donc, sans contradiction, leur proposer pour idéal de récompense future la contemplation, le repos, la diminution de leurs énergies.