Page:Héricourt - La Femme affranchie.djvu/285

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

La vocation de la femme est de plaire à l’homme et de s’en faire aimer ;

La femme est une religion ; c’est une pureté ; etc., etc.

Cela nous aurait menée trop loin de définir d’abord les termes, puis de faire comprendre l’inanité et le danger de semblables idées.

Disons seulement en passant que la première affirmation est dangereuse en ce qu’elle conduit à juger plus sévèrement la femme que l’homme au point de vue de la morale, conséquemment porte à maintenir les fausses appréciations que nous avons combattues dans le chapitre de l’Amour et du Mariage : quand un seul sexe est réputé gardien des mœurs, les mœurs se corrompent : car l’un ne pèche pas sans l’autre.

D’autre part c’est une triste idée que de prétendre que la vocation de la femme est de plaire à l’homme et de s’en faire aimer : c’est avec cette morale là que l’on fait de la femme un être futile, rusé ; qu’on la prépare à l’adultère quand elle est malheureuse en ménage ; au libertinage quand elle est pauvre : la vocation de la femme est d’être un être social, digne, utile et moral, une épouse sage et bonne, une mère tendre, attentive, éclairée capable de faire des citoyens et des citoyennes honorables : sa vocation ne diffère pas en général de celle de l’homme qui, lui aussi, doit être un époux sage et bon, un père tendre ne donnant à ses enfants que de sages exemples et de bonnes leçons, tout en remplissant lui-même sa tâche de citoyen et de producteur. Si la femme doit plaire à l’homme et s’en faire aimer, l’homme doit également plaire à la femme et s’en faire