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a des créatures humaines assez abaissées pour avoir perdu tout sentiment de dignité ; mais non pas que le Droit n’est pas le Droit.

Parmi les noirs, il y en a beaucoup qui haïssent, dénoncent, livrent au fouet et à la mort ceux d’entre eux qui méditent de briser leurs fers : qui a raison, qui a le sentiment de la dignité humaine, de ces derniers ou des autres ?

Nous revendiquons notre place à vos côtés, Messieurs, parce que l’identité d’espèce nous donne le Droit de l’occuper.

Nous revendiquons notre Droit, parce que l’infériorité dans laquelle nous sommes tenues, est une des causes les plus actives de la dissolution des mœurs.

Nous revendiquons notre Droit, parce que nous sommes persuadées que la femme a son cachet propre à poser sur la Science, la Philosophie, la Justice et la Politique.

Nous revendiquons notre Droit, enfin, parce que nous sommes convaincues que les questions générales, dont le défaut de solution menace de ruine notre Civilisation moderne, ne peuvent être résolues qu’avec le concours de la femme, délivrée de ses fers et laissée libre dans son génie.

N’est-ce pas, Messieurs, que c’est une grande preuve de notre insanité, de notre impureté que cet immense désir éprouvé par nous, d’arrêter la corruption des mœurs, de travailler au triomphe de la Justice, à l’avènement du règne du Devoir et de la Raison, à l’établissement d’un ordre de choses où l’humanité, plus digne et plus heureuse, poursuivra ses glorieuses destinées sans accompagnement de canon, sans effusion de sang versé ?

N’est-ce pas que les femmes de l’Émancipation sont des