Page:Héricourt - La Femme affranchie.djvu/55

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
– 49 –

droit, Or, vous savez qu’elle ne peut s’y présenter ; que le Collège de France même lui est interdit.

Je sais que, pour justifier ce déni de justice, on dit que la femme n’a pas besoin de haut enseignement pour remplir les fonctions qui lui sont dévolues par la nature ; que n’ayant ni la vocation, ni le temps, il est inutile que les portes des écoles spéciales s’ouvrent devant elle, etc.

La jeune femme. Nous, jeune génération de femmes, nous protestons contre ces allégations au nom de la justice, du sens commun et des faits.

Si la femme est évincée des établissements soutenus par le budget de l’État, qu’on l’exempte aussi de l’impôt. Je ne vois pas pourquoi nous contribuerions à payer les frais d’institutions dont nous ne profitons pas.

Si la femme n’a pas vocation, il est inutile de lui fermer les écoles, elle ne les fréquentera pas plus que les hommes qui n’y vont pas. Si la femme n’a pas le temps de les fréquenter, il est évident que l’interdiction est ridicule : on ne fait pas ce qu’on n’a pas le temps de faire.

Mais ces allégations sont-elles de bonne foi ? Non certes ; car dire que la femme, pour remplir ses modestes fonctions, n’a nul besoin d’être aussi instruite que l’homme, c’est supposer qu’elle se borne à celles-là ; et l’on sait bien que cela n’est pas vrai. C’est oublier ensuite que, destinée à exercer sur l’homme époux et fils une influence qui les dirige et les transforme, il faut mettre la femme en état de rendre cette influence bonne et élevée.

En définitive, d’ailleurs, comme les hommes ne fondent pas leur droit de participer aux bienfaits de l’éducation nationale sur