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La jeune femme. Supposons que les parents de la jeune fille n’aient consenti à la marier qu’à la condition qu’elle ne quittera pas le pays ; supposons encore qu’il soit établi par les gens de l’art que la contrée où le mari veut la conduire compromettra sa santé, la tuera peut-être, la femme, dans ces cas, ne serait-elle pas dispensée de suivre son mari ?

L’auteur. Non certainement : d’une part on ne peut faire de conventions valables contre la loi ; de l’autre, cette même loi ne met aucune restriction à l’obligation où est la femme de suivre le mari.

La jeune femme. Ainsi un mari serait assez scélérat pour vouloir tuer sa femme quand elle lui aurait donné un enfant, et garder sa dot par la tutelle, il le pourrait sans courir aucun risque en choisissant bien le climat ? Et si elle se réfugiait auprès de la mère qui l’a portée dans son sein, le mari aurait le droit de venir l’arracher de ses bras ?

L’auteur. Il pourrait même s’éviter cette peine, en envoyant la gendarmerie chercher sa femme. Tout le monde condamnerait cet homme, la conscience publique se soulèverait Mais la loi lui a livré la victime, elle ne peut rien contre lui.

La jeune femme. Ah ! je ne m’étonne plus qu’il y ait aujourd’hui tant de jeunes filles qui reculent devant le mariage ! Moi-même, j’aurais connu ces lois, qu’il est certain que je ne me serais pas mariée. Heureusement les hommes valent généralement mieux que les lois.

L’auteur. Pourquoi vous étonner de l’œuvre du législateur. Madame, il n’a fait qu’appliquer dans tous ses détails la doctrine

de l’apôtre Paul. Si tous avez reçu la bénédiction d’un

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