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La femme exaspérée se résout-elle à demander la séparation ? Pendant le procès, c’est le mari qui garde l’administration des enfants, à moins que, sur la demande de la famille, le juge ne trouve des motifs sérieux pour les adjuger à la mère.

Ce n’est pas tout : l’enfant peut donner de graves sujets de plainte à ses parents. S’il n’a pas seize ans, le père peut le faire détenir, sans que le président ait le droit de refuser : il n’a ce droit, que lorsque l’enfant a des biens personnels ou a plus de seize années.

Remarquez que, dans ce cas si grave, la mère n’est pas même consultée.

La puissance paternelle de la mère sera-t-elle égale, sur ce point, à celle du père, si elle reste veuve et tutrice ? Non, la mère, pour faire enfermer l’enfant, est toujours tenue de présenter au président une requête appuyée par deux proches parents du défunt.

Le père remarié garde, de droit, la tutelle de ses enfants ; la la mère la perd si elle se remarie sans s’être préalablement fait continuer la tutelle par le conseil de famille.

La jeune femme. Ainsi donc, Madame, aux yeux du législateur, l’enfant appartient plus à son père qu’à sa mère ; il est moins cher à la famille maternelle qu’à la paternelle ; la mère est réputée moins tendre, moins sage que le père ; l’homme est présumé si bon, si juste, si raisonnable, qu’une marâtre même ne saurait l’influencer… En vérité, tout cela est odieux et absurde.

L’auteur. Je ne dis pas non.

Vous savez que le consentement des parents est nécessaire