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mœurs. Toutes les phrases creuses, tous les raisonnements sonores, ne peuvent détruire la signification des faits.

Nous ne répéterons pas ce qu’ont dit les nombreux écrivains qui ont demandé le rétablissement du divorce ; nous nous contentons de nous joindre à eux ici, nous réservant de revenir plus loin sur ce grave sujet.

Il s’agit pour nous, en ce moment, de constater la différence mise par la loi entre le mari et la femme qui plaident en séparation.

Les époux peuvent demander la séparation si l’un d’eux est condamné à une peine infamante, pour cause d’injures graves, de sévices et d’adultère de la femme. Arrêtons-nous sur ce dernier délit.

Vous croyez sans doute que l’adultère est le manque de fidélité d’un époux envers l’autre, et que la punition est semblable pour un délit semblable, chez l’homme et chez la femme ? Vous vous trompez.

La femme commet le délit d’adultère partout ; on peut en fournir la preuve par lettres et témoins, et ce délit est puni de trois mois à deux ans de réclusion, que le mari peut faire cesser en reprenant sa femme.

Dans le flagrant délit, le mari est excusable de tuer l’adultère et son complice.

L’homme n’est adultère nulle part. Qu’il loue dans sa maison un appartement à sa maîtresse ; qu’il passe ses journées chez elle ; que de nombreuses lettres prouvent son infidélité ; que mille témoins attestent ces choses, cet honnête mari n’est point adultère.