Page:Héricourt - La Femme affranchie.djvu/94

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 88 —

introduisant de faux héritiers chez son voisin, il agit comme réponse adultère. Dans le second, il soigne ses enfants ou les abandonne. S’il les soigne, il nuit aux intérêts de l’épouse et des enfants légitimes ; s’il les laisse à la charge de la mère, il met une femme dans l’embarras, brise souvent sa vie ; l’enfant placé à l’hospice, est sans famille, sans tendresse et va grossir la population des prisons, des bagnes et des lupanars.

Dans tout cela, d’ailleurs, n’y a-t-il qu’une question de filiation et d’héritage ? Et le cœur d’une femme, et sa dignité, et son bonheur, qu’en fait-on ? Songe-t-on à ce que nous devons souffrir de l’infidélité, du dédain, de l’abandon de notre mari ?

Songe-t-on que cet abandon, joint au besoin d’aimer et au fatal exemple qui nous est donné, nous pousse à payer de retour l’amour qu’on nous témoigne ; et qu’ainsi l’adultère toléré dans le mari produit l’adultère de la femme ?

L’adultère des deux sexes est un grand mal. Au point de vue moral, la faute est la même ; mais au point de vue social et familial, mais au point de vue de la position des enfants, elle est évidemment beaucoup plus grave commise par l’homme que par la femme, parce que le premier a tout pouvoir pour ruiner la famille, mettre avec impunité le trouble et la douleur dans sa maison et créer une population malheureuse, vouée à l’abandon, le plus souvent au vice.

Voilà ce que nous pensons aujourd’hui, nous, jeunes femmes, qui réfléchissons ; et tous les dithyrambes intéressés des hommes ne peuvent plus nous faire prendre le change.

Ils disent : mais souvent ce n’est-pas le mari de la femme adultère qui est adultère. Nous répondons : la société ne se