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Page:Hériot - Une âme à la mer, 1929.pdf/202

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une âme à la mer

cends. Cinq minutes après je remonte pour respirer, pour regarder la mâture.

Puis, je repars pour dire une chose essentielle, puis je remonterai encore, et cette fois-ci pour rien, pour le bonheur d’être là, de faire le va-et-vient sur le pont.

Mais quel contentement, quel apaisement que cette première nuit à bord.

Quelle joie d’entendre à nouveau tous les bruits familiers. Les pas sur la tête, la voix des quarts qui tintent, cet imperceptible clapotis le long de la coque, le grincement des aussières qui jouent sous la houle, tous les détails qui se donnent à ceux qui aiment leur voilier.

Le lendemain matin, lavage du pont ; les cascades d’eau s’éparpillent au-dessus de ma tête, le frottement des brosses s’abat en cadence. En souriant, réalisant que je suis bien à bord, je me rendors…

Voici la troisième année que je m’apprête à appareiller pour Gênes.

J’ai le cœur en fête !

Ce moment tant attendu, si désiré, approche.

Dans quelques jours, le canon de la première épreuve joyeusement partira, et mon année de beau sport débutera. Je vais pouvoir mener à bien le programme que j’ai choisi.

Il m’a donné beaucoup de mal à organiser. Flots d’encre, et pire, multiples conversations.