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Page:Hériot - Une âme à la mer, 1929.pdf/224

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une âme à la mer

lentement l’échelle de corde pour prendre le you-you qui m’attendait.

Puis il ne me resta plus que mes yeux pour dire longuement adieu, dans la cadence des avirons elle diminua, s’estompa jusqu’au moment où un yacht blanc m’arracha sa chère image solitaire et triste, posée sur l’eau moirée comme un grand cygne noir trop beau pour être réel et qui s’en va…

Dans mon esprit demeure le poignant souvenir en deuil de cette séparation faite de grandes ailes noires fermées !



Mon « Ailée »… comme la vie change… nous n’irons plus toutes les deux, avec la même âme, errer à l’unisson sur la crête des lames parmi la même écume jaillissante !

Ces bons embruns glacés qui savaient si bien en nous balayant les fronts y chasser toutes pensées qui n’étaient pas maritimes ! T’en souviens-tu ?

Nous allons maintenant devenir si différentes en naviguant séparées.

Sans toi, je ne serai plus tout à fait la même ?

Et crois-tu que, loin de moi, tu resteras le bateau que j’ai tant aimé ? non, c’est impossible, cependant