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à bord du finlandia

Mes tristesses d’autrefois semblent s’éloigner ; maintenant que j’ai un présent, mon passé s’efface, et l’avenir m’attire, là-bas, à l’horizon, sur la mer.


MA PREMIÈRE TRAVERSÉE


Comme un vaisseau fantôme, mon navire glisse dans la nuit, la mer est sombre.

L’avant se perd dans les ténèbres, où flottent des ombres confuses, toutes pleines de brume.

La passerelle, sereine de calme et d’assurance, s’éclaire par le compas brillant, où le profil rigide et grave de l’homme de barre reçoit sa lumière.

Le ciel est ruisselant d’étoiles.

Sous ses feux palpitants, les mâts montent d’où s’échappe la clarté des feux blancs.

Les vergues croisées, sous ce beau ciel, semblent des croix d’adoration.

Comme le ciel est immense ! À le voir si lourd, posé au-dessus de ma tête, je m’aperçois de l’infime atome que je suis, perdue dans cette immensité.

Je parle à voix basse, car tout ce qui m’entoure est impressionnant de beauté.