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à bord du finlandia

Nous devons apercevoir Ouessant dans une heure.

Tous les yeux de l’équipage se posent là-bas, où le grand phare doit apparaître, sur l’horizon d’eau.

Je monte sur la passerelle en cueillant mille sourires heureux, rajeunis, ensoleillés comme le temps d’aujourd’hui.

J’entends chuchoter partout : « Chez moi » et « Chez toi », « à la maison ».

Moi qui n’ai plus de maison, ni personne qui m’attend, mon cœur solitaire se serre. Je ne suis plus seule cependant, entourée de cette grande famille de Bretons !

Le pays est proche et la mer n’est vraiment plus tout à fait la même ici, elle ressemble à ce que vous aimez le plus, elle frôle les cailloux, les roches, l’endroit qui vous a vu naître, et le foyer qui vous attend.

Je pense au plus pauvre de ces chers foyers, qui vous espère, en fête, et vous accueille le mieux qu’il sait faire, par reconnaissance pour vous, qui naviguez au loin pour lui.

Je regarde au loin, intensément, une mer calme et lourde, d’un bleu de rêve, jusqu’au moment où, ne pouvant plus lutter contre le soleil éclatant, mes eux se ferment aveuglés.

Le Floch est à la barre.

Loussot, le second capitaine, inlassablement va-et-vient sur la passerelle.

— Ma Dame, nous voici bientôt chez nous.