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à bord du finlandia

naturelle, s’il répond à vos questions par un « Si donc » ou un « Oui donc » vous avez devant vous un vrai marin, prenez-le.

Si dans l’autre capitaine vous remarquez une démarche nonchalante, s’il ne peut rester immobile devant vous, s’il s’assoit tout à coup effondré dans un fauteuil comme chez lui, s’il s’applique une de ses mains sur la figure, si ses doigts s’amusent à tortiller et à caresser sa longue barbe, si ses yeux errent dans la pièce, regardant avec intérêt les objets qui s’y trouvent, s’il vous empêche de lui poser une question, enfin s’il vous raconte pendant une heure les choses inouïes qu’il a faites et trouvées sur la mer avec un accent terrible qui est de Marseille (pardon à Notre Dame de la Garde) attention ! surtout écoutez ceci : c’est grave il est reconnaissable.

Il sera, le plus souvent qu’il pourra, en civil, froidement, ce grand Capitaine. Aimant les vestes amples, et encore les bras de chemise, et les pantoufles rouges s’ensuivront.

Il aimera surtout la terre et l’on revient fatalement à ce que l’on aime, un jour.

Et il y reviendra, soyez-en sûr, en y reconduisant votre navire.

Son parapluie prouve qu’il craint la pluie, son parapluie qui fait partie de lui, et ses galoches donc contre l’humidité.

Quand on craint l’eau, on craint l’océan, et cet