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à bord du finlandia

UN NAVIRE QUI SOMMEILLE


Un navire qui sommeille le long d’un quai n’attire plus le regard des passants. Une fois amaré on s’habitue à le voir là, sans mouvement.

On ne fait pas plus attention à lui qu’à une maison que l’on est sûr de retrouver chaque jour à la même place.

Il devient une chose inanimée, sans mystère, le long d’un quai où dorment les chalands paresseux.

Ici règne l’immobilité.

Oh ! la tristesse infinie qui s’empare des navires au port. Les navires désarmés sont morts, leurs âmes s’en sont allées !

En rade, les navires ne sont plus tristes. L’espoir des départs les anime. La vie les a ressaisis, ils se balancent, ils évitent sur leurs ancres, la mer glisse le long de leurs coques, leurs flancs endurent le bruissement enjôleur.

Le charme du départ habite leur bord, là-bas l’horizon les attire en leur contant de belles promesses.

Il les absorbera tous.

Un navire qui va appareiller s’éveille, l’équipage a tout à faire et la vie revient avec le mouvement.