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à bord du finlandia

ORAGE


Le navire glisse, malgré sa vitesse, pas la moindre brise. Rien.

Le calme absolu.

L’orage partout nous enveloppe, nous enserre. L’air étouffant nous écrase, irrespirable.

Il est minuit.

Le ciel est lourd d’étoiles, par instant une d’elles s’échappe, glisse, tombe à travers le ciel dans l’infini, comme une perle ou une larme.

Les étoiles continuent à tomber sur la mer ; devant cette beauté environnante, mon cœur s’émeut d’assister à une telle fête.

La côte de Bretagne est là, sous une couche de nuages épais, comme un fantastique écran ; sans interruption, le ciel s’illumine derrière ces nuées, laissant voir la cité nettement, sous un violent éclairage.

Les yeux, à force de fixer, font mal et vacillent devant cette débauche d’éclairs qui illuminent la mer jusqu’au navire.

Le déchirement de l’orage se continue.

Les nuages immobiles sont une muraille.

L’air est étouffant.

Pas la moindre brise.