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goélette ailée

leurs grands frères d’antan. Ils savent qu’ils ne se noieront qu’une fois. Sans cela ils recommenceraient. Ils vivent l’heure qui passe, le temps est à eux, car ils veulent dans leurs bras vaillants saisir les êtres et les choses qui passent.

Rien n’est impossible avec leur volonté et leur cœur !

Si les grands pirates d’antan s’embarquaient encore sur un navire sans gouvernail avec leurs âmes naviguant dans les étoiles, ils se pencheraient pour reconnaître leurs frères.

Les êtres qui habitent les cases serrées sur la terre ferme, les regardent et, ne comprenant pas, haussent les épaules et tournent leurs yeux ailleurs !

Mais les yeux des pirates ne les ont jamais regardés.

C’est leur orgueil de garder les merveilleuses trouvailles qui les enrichissent en regardant et en pillant la mer.

Nous sommes des pirates, les yeux droits, le cœur haut !

La peur ne nous a jamais frôlés, nous ne sommes heureux que sur la Mer.

Notre cri de guerre ressemble à un grand appel rauque qui contient tous les désespoirs du monde,