Page:Hérodien - Histoire romaine, depuis la mort de Marc-Aurèle jusqu'à l'avénement de Gordien III (trad Léon Halévy), 1860.djvu/106

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sa curiosité est excitée ; elle la satisfait : elle découvre aussitôt que c’est un arrêt de mort ; elle voit d’abord son nom, puis ceux de Laetus, d’Electus et enfin d’une foule de citoyens : « Courage, Commode, se dit-elle en gémissant, voilà la récompense que tu prépares à mon amour, à ma tendresse, à la résignation avec laquelle, pendant de si longues années j’ai supporté tes brutalités et tes débauches ! Mais un homme toujours plongé dans l’ivresse ne triomphera pas d’une femme sobre. » Aussitôt elle fait venir Electus, à qui sa charge donnait souvent l’occasion de la voir ; on les soupçonnait même d’un commerce secret. Elle lui présente les tablettes. « Vois, dit-elle, Electus, quelle fête on nous prépare pour cette nuit ! » Electus resta frappé d’étonnement. C’était un Égyptien prompt à oser et à agir, et du caractère le plus irascible. il envoie aussitôt à Laetus, par un homme dont il était sûr, les tablettes cachetées. Épouvanté à son tour, celui-ci se rend chez Marcia, comme pour se concerter avec elle sur les mesures que nécessite l’ordre donné par l’empereur, de lui préparer un appartement dans le gymnase. Ce prétexte leur permet de délibérer, et tous trois conviennent qu’il faut agir ou perdre la vie, qu’aucun délai n’est possible, même celui d’un jour.

LIV. On s’arrête au poison, et l’exécution fat confiée à Marcia, sur sa demande. Elle versait et