Page:Hérodien - Histoire romaine, depuis la mort de Marc-Aurèle jusqu'à l'avénement de Gordien III (trad Léon Halévy), 1860.djvu/225

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

militaires et de ses goûts efféminés. Il savait que Macrin avait une table délicatement servie, et que sa sensualité dédaignait les aliments et les boissons des soldats, tandis que lui-même se faisait gloire de les partager ; il était toujours vêtu d’une chlamyde ou de quelque robe élégante ; aussi l’empereur se répandait-il en outrageants sarcasmes sur sa mollesse, sur sa coquetterie féminine, et il ne cessait de le menacer du dernier supplice.

XXIII. Macrin, indigné, ne supportait qu’avec peine de tels outrages. Antonin ne devait point vivre éternellement ; un caprice du hasard hâta sa mort. Il était naturellement curieux, et cherchait à découvrir, non seulement les secrets des hommes, mais encore ceux des dieux et des génies. Sa défiance, qui lui faisait voir partout des conspirations, augmentait sa curiosité ; il s’attachait à l’étude des augures, et rassemblait de tous côtés des devins, des astrologues, des aruspices ; aucun de ces imposteurs n’échappait aux recherches de sa crédulité. Cependant, soupçonnant qu’il entrait un peu do flatterie dans l’avenir que ces fourbes lui promettaient, il écrivit à un certain Maternianus, son agent à Rome, le plus fidèle de ses amis et le seul dépositaire de tous ses secrets, de rassembler les plus habiles devins, et d’employer le secours des évocations peur lui révéler la durée de sa vie et les complots qui menaçaient