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CLIO, LIVRE I.

n’est pas moins fort, mais il est plus étroit. Le centre de chacun de ces deux quartiers de la ville est remarquable : l’un, par le palais du roi, dont l’enceinte est grande et bien fortifiée ; l’autre, par le lieu consacré à Jupiter Bélus, dont les portes sont d’airain, et qui subsiste encore actuellement. C’est un carré régulier qui a deux stades en tout sens. On voit au milieu une tour massive qui a un stade tant en longueur qu’en largeur ; sur cette tour s’en élève une autre, et sur cette seconde encore une autre, et ainsi de suite : de sorte que l’on en compte jusqu’à huit. On a pratiqué en dehors des degrés qui vont en tournant, et par lesquels on monte à chaque tour. Au milieu de cet escalier on trouve une loge et des siéges, où se reposent ceux qui montent. Dans la dernière tour est une grande chapelle ; dans cette chapelle un grand lit bien garni, et près de ce lit une table d’or. On n’y voit point de statues. Personne n’y passe la nuit, à moins que ce ne soit une femme du pays, dont le dieu a fait choix, comme le disent les Chaldéens, qui sont les prêtres de ce dieu.

CLXXXII. Ces mêmes prêtres ajoutent que le dieu vient lui-même dans la chapelle, et qu’il se repose sur le lit. Cela ne me paraît pas croyable. La même chose arrive à Thèbes en Égypte, s’il faut en croire les Égyptiens ; car il y couche une femme dans le temple de Jupiter Thébéen, et l’on dit que ces deux femmes n’ont commerce avec aucun homme. La même chose s’observe aussi à Patares en Lycie, lorsque le dieu honore cette ville de sa présence. Alors on enferme la grande prêtresse la nuit dans le temple ; car il ne rend point en ce lieu d’oracles en tout temps.

CLXXXIII. Dans ce temple de Babylone il y a une autre chapelle en bas, où l’on voit une grande statue d’or qui représente Jupiter assis. Près de cette statue est une grande table d’or ; le trône et le marchepied sont du même métal. Le tout, au rapport des Chaldéens, vaut huit cents talents d’or[1]. On voit hors de cette chapelle un autel d’or, et, outre cela, un autre autel très-grand, sur lequel on immole du bétail d’un âge fait ; car il n’est permis de sacrifier

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