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EUTERPE, LIVRE II.

ressemblance, ils se persuadent que l’issue sera la même.

LXXXIII. Personne en Égypte n’exerce la divination : elle n’est attribuée qu’à certains dieux. On voit en ce pays des oracles d’Hercule, d’Apollon, de Minerve, de Diane, de Mars, de Jupiter ; mais on a plus de vénération pour celui de Latone, en la ville de Buto, que pour tout autre. Ces sortes de divinations n’ont pas les mêmes règles ; elles diffèrent les unes des autres.

LXXXIV. La médecine est si sagement distribuée en Égypte, qu’un médecin ne se mêle que d’une seule espèce de maladie, et non de plusieurs. Tout y est plein de médecins. Les uns sont pour les yeux, les autres pour la tête ; ceux-ci pour les dents, ceux-là pour les maux de ventre et des parties voisines ; d’autres enfin pour les maladies internes.

LXXXV. Le deuil et les funérailles se font de cette manière : quand il meurt un homme de considération, toutes les femmes de sa maison se couvrent de boue la tête et même le visage ; elles laissent le mort à la maison, se découvrent le sein, et, ayant attaché leur habillement avec une ceinture, elles se frappent la poitrine, et parcourent la ville accompagnées de leurs parentes. D’un autre côté, les hommes attachent de même leurs habits et se frappent la poitrine : après cette cérémonie, on porte le corps à l’endroit où on les embaume.

LXXXVI. Il y a en Égypte certaines personnes que la loi a chargées des embaumements, et qui en font profession. Quand on leur apporte un corps, ils montrent aux porteurs des modèles de morts en bois, peints au naturel. Le plus recherché représente, à ce qu’ils disent, celui dont je me fais scrupule de dire ici le nom[1]. Ils en font voir un second qui est inférieur au premier, et qui ne coûte pas si cher. Ils en montrent encore un troisième, qui est au

  1. C’était sans doute la figure de quelque divinité, peut-être celle d’Osiris. C’est le sentiment d’Athénagoras. « Non-seulement, dit-il, on montre la sépulture d’Osiris, mais encore son corps embaumé. » Après quoi il apporte en preuve ce passage-ci d’Hérodote. On sait qu’Isis portait partout avec elle le corps de son mari, ce qui suppose qu’elle l’avait fait embaumer. Voyez Plutarque, De Iside et Osiride. (L.)