pas le seul qui l’ait fait ; car Plutarque observe que beaucoup de personnes avaient fait aussi le même changement.
Le loisir dont il jouit dans cette ville lui permit de retoucher son Histoire, et d’y faire quelques additions considérables. C’est ainsi qu’il faut entendre ce passage de Pline : Urbis nostræ trecentesimo anno… auctor ille (Herodotus) Historiam condidit Thuriis in Italia ; car il est certain qu’il avait lu une partie de son Histoire à Athènes avant que de partir pour Thurium, et que douze ans auparavant il en avait lu une autre aux jeux olympiques. Ce passage de Pline a induit en erreur le savant M. des Vignoles. Je n’entreprendrai pas de le réfuter, M. le président Bouhier l’ayant fait avec succès dans le chapitre premier de ses Recherches et Dissertations sur Hérodote.
On ne peut douter qu’il n’ait ajouté beaucoup de choses pendant son séjour à Thurium, puisqu’il rapporte des faits qui sont postérieurs à son voyage dans la grande Grèce. Quelques savants l’ont remarqué avant moi, et surtout MM. Bouhier et Wesseling. Il faut mettre de ce nombre : 1o l’invasion que les Lacédémoniens firent dans l’Attique la première année de la guerre du Péloponnèse, invasion dans laquelle ce pays fut ravagé, excepté Décélée, qu’ils épargnèrent par reconnaissance pour un bienfait des Décéléens ; 2o le funeste sort des ambassadeurs que les Lacédémoniens envoyèrent en Asie la seconde année de la guerre du Péloponnèse, et l’an 430 avant notre ère ; 3o la défection des Mèdes sous Darius Nothus, que ce prince remit peu après sous le joug. Cet événement, que rapporte Hérodote, et qui est certainement de la XCIIIe olympiade, de la vingt-quatrième année de la guerre du Péloponnèse, et de l’an 408 avant notre ère, prouve qu’Hérodote avait ajouté ce fait dans un âge très-avancé. Il avait alors soixante-dix-sept ans.
M. le président Bouhier plaçait aussi après le voyage d’Hérodote dans la grande Grèce la retraite d’Amyrtée dans l’île d’Elbo, dont parle Hérodote. Ce savant, trompé par le Syncelle, supposait que ce prince s’était réfugié dans cette île la quatorzième année de la guerre du Péloponnèse, et l’an 417 avant notre ère. Dodwell et M. Wesseling avaient bien vu que la révolte d’Amyrtée ayant commencé la seconde année de la LXXIXe olympiade, la fin de cette révolte était de la seconde année de l’olympiade suivante, et par conséquent antérieure de quatorze ans au départ de notre historien pour la grande Grèce. Je n’en rapporterai point ici les preuves, l’ayant fait d’une manière assez ample dans mon Essai sur la Chronologie.
Ce fut aussi dans ces voyages qu’il apprit plusieurs particularités