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EUTERPE, LIVRE II.

généalogie, et se faisait remonter à un dieu qu’il regardait comme le seizième de ses ancêtres. Ils lui opposèrent la généalogie de leurs pontifes, dont ils lui firent l’énumération, sans cependant admettre qu’un homme eût été engendré d’un dieu, comme il l’avait avancé ; ils lui dirent que chaque colosse représentait un piromis engendré d’un piromis ; et, parcourant ainsi les trois cent quarante-cinq colosses, depuis le dernier jusqu’au premier, ils lui prouvèrent que tous ces piromis étaient nés l’un de l’autre, et qu’ils ne devaient point leur origine à un dieu ou à un héros. Piromis est un mot égyptien qui signifie bon et vertueux.

CXLIV. Ces prêtres me prouvèrent donc que tous ceux que représentaient ces statues, bien loin d’avoir été des dieux, avaient été des piromis[1] ; qu’il était vrai que, dans les temps antérieurs à ces hommes, les dieux avaient régné en Égypte, qu’ils avaient habité avec les hommes, et qu’il y en avait toujours eu un d’entre eux qui avait eu la souveraine puissance ; qu’Orus, que les Grecs nomment Apollon, fut le dernier d’entre eux qui fut roi d’Égypte, et qu’il ne régna qu’après avoir ôté la couronne à Typhon[2]. Cet Orus était fils d’Osiris, que nous appelons Bacchus.

CXLV. Parmi les Grecs, on regarde Hercule[3], Bacchus et Pan, comme les plus nouveaux d’entre les dieux. Chez les Égyptiens, au contraire, Pan passe pour être très-ancien ; on le met même au rang des huit premiers dieux.

    règne de Cyrus ; car, lors du soulèvement des Ioniens contre Darius, successeur de Cambyse, Hécatée fut appelé à toutes les délibérations. Or, dans les conjonctures délicates, on ne consulte guère que des gens d’un âge mûr, et en état de donner des avis salutaires. Il ne devait donc avoir guère moins de quarante-cinq ans au commencement de la soixante-neuvième olympiade. (Bellanger.)

  1. C’est-à-dire avaient été des grands prêtres engendrés d’autres grands prêtres. (L.)
  2. Typhon était un mauvais génie, qui enleva la couronne à son frère Osiris, et le tua. Comme il était pâle et roux, les Égyptiens évitaient la compagnie des personnes de cette couleur. Dans les temps où l’on sacrifiait encore des hommes, on égorgeait ceux qui étaient roux sur le sépulcre d’Osiris, ou bien on les brûlait vifs. (L.)
  3. L’Hercule égyptien s’appelait Chon ou Som ; Pan, Mendès.