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HISTOIRE D’HÉRODOTE.

ordonné à chaque Égyptien de déclarer tous les ans au nomarque[1] quels étaient les fonds dont il tirait sa subsistance. Celui qui ne satisfaisait pas à la loi, ou qui ne pouvait prouver qu’il vivait par des moyens honnêtes, était puni de mort. Solon, l’Athénien, emprunta cette loi de l’Égypte, et l’établit à Athènes, où elle est toujours en vigueur, parce qu’elle est sage, et qu’on n’y peut rien trouver à reprendre.

CLXXVIII. Amasis témoigna beaucoup d’amitié aux Grecs, et en obligea plusieurs. Il permit entre autres aux Grecs qui allaient en Égypte de s’établir à Naucratis. Quant à ceux qui ne voulaient pas y fixer leur demeure, et qui n’y voyageaient que pour des affaires de commerce, il leur donna des places pour élever aux dieux des temples et des autels. Le plus grand temple que ces Grecs aient en Égypte, et en même temps le plus célèbre et le plus commode, s’appelle Hellénion, ou temple grec. Les villes qui le firent bâtir à frais communs furent : du côté des Ioniens, Chios, Téos, Phocée, Clazomènes ; du côté des Doriens, Rhodes, Cnide, Halicarnasse, Phasélis ; et, de celui des Éoliens, la seule ville de Mitylène. L’Hellénion appartient à toutes ces villes : elles ont droit d’y établir des juges. Toutes les autres villes qui prétendent y avoir part s’attribuent un droit qu’elles n’ont pas. Les Éginètes ont cependant bâti pour eux, en particulier, un temple à Jupiter ; les Samiens à Junon, et les Milésiens à Apollon.

CLXXIX. Naucratis était autrefois la seule ville de commerce qu’il y eût en Égypte. Si un marchand abordait à une autre bouche du Nil que la Canopique, il fallait qu’il jurât qu’il n’y était point entré de son plein gré, et qu’après avoir fait ce serment, il allât se rendre avec le même vaisseau à l’embouchure Canopique ; ou du moins, si les vents contraires s’y opposaient, il était obligé de transporter ses marchandises dans des baris autour du Delta, jusqu’à ce qu’il arrivât à Naucratis. Telles étaient les prérogatives dont jouissait cette ville.

CLXXX. Le feu prit fortuitement à l’ancien temple de

  1. Les provinces d’Égypte s’appelaient nomes, et le gouverneur ou principal magistrat de chacune de ces provinces, nomarque. (L.)