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THALIE, LIVRE III.

un des trois ouvrages des Samiens. Le second consiste en un môle, ou une grande digue faite dans la mer, près du port, d’environ vingt orgyies de haut et de deux stades et plus de long. Leur troisième ouvrage est un temple, le plus grand dont nous ayons connaissance. Le premier architecte de cet édifice est un homme du pays, nommé Rhœcus[1], fils de Philéus. C’est à cause de ces ouvrages que je me suis étendu sur les Samiens.

LXI. Tandis que Cambyse, fils de Cyrus, passait en Égypte son temps à faire des extravagances, deux mages, qui étaient frères, profitèrent de cette occasion pour se révolter. Il avait laissé l’un d’eux en Perse pour y gérer ses biens, et ce fut l’auteur de la révolte. Ce mage n’ignorait pas la mort de Smerdis ; il savait qu’on la tenait cachée, qu’elle n’était connue que d’un petit nombre de Perses, et que la plupart croyaient ce prince vivant. Cette mort, jointe aux circonstances dont je vais parler, lui fit prendre la résolution de s’emparer du trône. Il avait un frère qui, comme je l’ai déjà dit, était compagnon de sa révolte. Ce frère ressemblait parfaitement à Smerdis, fils de Cyrus, que Cambyse avait fait tuer, et portait le même nom que ce prince. Pour lui, il s’appelait Patizithès. Celui-ci plaça son frère sur le trône, après lui avoir persuadé qu’il aplanirait toutes les difficultés. Cela fait, il envoya des hérauts dans toutes les provinces, et particulièrement en Égypte, pour défendre à l’armée d’obéir à Cambyse, et lui ordonner de ne reconnaître à l’avenir que Smerdis, fils de Cyrus.

LXII. Tous les hérauts firent cette proclamation. Celui qui avait été envoyé en Égypte trouva Cambyse avec son armée à Agbatanes, en Syrie. Il publia au milieu du camp les ordres dont le mage l’avait chargé. Cambyse, ayant en-

  1. Rhœcus, fils de Philéus, était non-seulement un habile architecte, mais encore il inventa, avec Théodore de Samos, l’art de faire des moules avec de l’argile, longtemps avant que les Bacchiades eussent été chassés de Corinthe ; et ils jetèrent les premiers en fonte l’airain, et en firent des statues. Pausanias ajoute que, sur la balustrade qui est au-dessus de l’autel de Diane, dite Protothronia, à Éphèse, on voit à l’extrémité une statue de ce même Rhœcus. C’est une femme en bronze, que les Éphésiens disent être la Nuit. Il eut deux fils, Téléclès et Théodore, tous deux habiles statuaires. (L.)

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