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HISTOIRE D’HÉRODOTE.

espérances sont fondées ; mais, depuis qu’ils ont appris que vous faisiez équiper une flotte pour les attaquer, pensez-vous qu’ils souhaitent autre chose que de surprendre les Lydiens en mer, et de venger sur vous les Grecs du continent que vous avez réduits en esclavage ? » Crésus, charmé de cette réponse, qui lui parut très-juste, abandonna son projet, et fit alliance avec les Ioniens des îles.

XXVIII. Quelque temps après, Crésus subjugua presque toutes les nations en deçà du fleuve Halys, excepté les Ciliciens et les Lyciens, savoir : les Phrygiens, les Mysiens, les Mariandyniens, les Chalybes, les Paphlagoniens, les Thraces de l’Asie, c’est-à-dire les Thyniens et les Bithyniens, les Cariens, les Ioniens, les Doriens, les Éoliens et les Pamphyliens.

XXIX. Tant de conquêtes ajoutées au royaume de Lydie avaient rendu la ville de Sardes très-florissante. Tous les sages qui étaient alors en Grèce s’y rendirent, chacun en son particulier. On y vit entre autres arriver Solon. Ce philosophe ayant fait, à la prière des Athéniens ses compatriotes, un corps de lois, voyagea pendant dix ans. Il s’embarqua sous prétexte d’examiner les mœurs et les usages des différentes nations, mais en effet pour n’être point contraint d’abroger quelqu’une des lois qu’il avait établies ; car les Athéniens n’en avaient pas le pouvoir, s’étant engagés par des serments solennels à observer pendant dix ans les règlements qu’il leur donnerait.

XXX. Solon étant donc sorti d’Athènes par ce motif, et pour s’instruire des coutumes des peuples étrangers, alla d’abord en Égypte, à la cour d’Amasis, et de là à Sardes, à celle de Crésus, qui le reçut avec distinction et le logea dans son palais. Trois ou quatre jours après son arrivée, il fut conduit par ordre du prince dans les trésors, dont on lui montra toutes les richesses. Quand Solon les eut vues et suffisamment considérées, le roi lui parla en ces termes : « Le bruit de votre sagesse et de vos voyages est venu jusqu’à nous, et je n’ignore point qu’en parcourant tant de pays vous n’avez eu d’autre but que de vous instruire de leurs lois et de leurs usages, et de perfec-