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CLIO, LIVRE I.

voulut savoir d’où il venait et qui il était. « Étranger, lui dit-il, qui êtes-vous ? De quel canton de Phrygie êtes-vous venu à ma cour comme suppliant ? Quel homme, quelle femme avez-vous tué ? — Seigneur, je suis fils de Gordius et petit-fils de Midas. Je m’appelle Adraste. J’ai tué mon frère sans le vouloir. Chassé par mon père et dépouillé de tout, je suis venu chercher ici un asile. — Vous sortez, reprit Crésus, d’une maison que j’aime. Vous êtes chez des amis : rien ne vous manquera dans mon palais tant que vous jugerez à propos d’y rester. En supportant légèrement ce malheur, vous ferez un gain considérable. » Adraste vécut dans le palais de Crésus.

XXXVI. Dans ce même temps il parut en Mysie un sanglier d’une grosseur énorme, qui, descendant du mont Olympe, faisait un grand dégât dans les campagnes. Les Mysiens l’avaient attaqué à diverses reprises ; mais ils ne lui avaient fait aucun mal, et il leur en avait fait beaucoup. Enfin ils s’adressèrent à Crésus : « Seigneur, lui dirent leurs députés, il a paru sur nos terres un effroyable sanglier qui ravage nos campagnes ; malgré nos efforts, nous n’avons pu nous en défaire. Nous vous supplions donc d’envoyer avec nous le prince votre fils à la tête d’une troupe de jeunes gens choisis et votre meute, afin d’en purger le pays. » Crésus, se rappelant le songe qu’il avait eu, leur répondit : « Ne me parlez pas davantage de mon fils ; je ne puis l’envoyer avec vous. Nouvellement marié, il n’est maintenant occupé que de ses amours ; mais je vous donnerai mon équipage de chasse, avec l’élite de la jeunesse lydienne, à qui je recommanderai de s’employer avec ardeur pour vous délivrer de ce sanglier. »

XXXVII. Les Mysiens furent très-contents de cette réponse ; mais Atys, qui avait entendu leur demande et le refus qu’avait fait Crésus de l’envoyer avec eux, entra sur

    suppliant. Il employait ensuite des eaux lustrales, en invoquant Jupiter Expiateur. On emportait hors de la maison tout ce qui avait servi à l’expiation. Il brûlait ensuite des gâteaux, en versant de l’eau et en invoquant les dieux, afin d’apaiser la colère des Furies, et pour se rendre propice Jupiter. (L.)