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HISTOIRE D’HÉRODOTE.

Machlyes laissent croître leurs cheveux sur le derrière de la tête, et les Auséens sur le devant. Dans une fête que ces peuples célèbrent tous les ans en l’honneur de Minerve, les filles, partagées en deux troupes, se battent les unes contre les autres à coups de pierres et de bâtons. Elles disent que ces rites ont été institués par leurs pères en l’honneur de la déesse née dans leur pays, que nous appelons Minerve ; et elles donnent le nom de fausses vierges à celles qui meurent de leurs blessures. Mais, avant que de cesser le combat, elles revêtent d’une armure complète à la grecque celle qui, de l’aveu de toutes, s’est le plus distinguée ; et, lui ayant mis aussi sur la tête un casque à la corinthienne, elles la font monter sur un char, et la promènent autour du lac. Je ne sais de quelle façon ils armaient autrefois leurs filles, avant que les Grecs eussent établi des colonies autour d’eux. Je pense cependant que c’était à la manière des Égyptiens. Je suis en effet d’avis que le bouclier et le casque sont venus d’Égypte chez les Grecs. Ils prétendent que Minerve est fille de Neptune et de la nymphe du lac Tritonis, et qu’ayant eu quelque sujet de plainte contre son père, elle se donna à Jupiter, qui l’adopta pour sa fille. Les femmes sont en commun chez ces peuples ; elles ne demeurent point avec les hommes, et ceux-ci les voient à la manière des bêtes. Les enfants sont élevés par leurs mères : quand ils sont grands, on les mène à l’assemblée que les hommes tiennent tous les trois mois. Celui à qui un enfant ressemble passe pour en être le père.

CLXXXI. Tels sont les peuples nomades qui habitent les côtes maritimes de la Libye. Au-dessus, en avançant dans le milieu des terres, on rencontre la Libye remplie de bêtes féroces, au delà de laquelle est une élévation sablonneuse, qui s’étend depuis Thèbes en Égypte, jusqu’aux colonnes d’Hercule. On trouve dans ce pays sablonneux, environ de dix journées en dix journées, de gros quartiers de sel sur des collines. Du haut de chacune de ces collines, on voit jaillir, au milieu du sel, une eau fraîche et douce. Autour de cette eau on trouve des habitants, qui sont les derniers du côté des déserts, et au-des-