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MELPOMÈNE, LIVRE IV.

on mit des pièces de bois très faibles qu’on couvrit de terre, de sorte que le terrain était de niveau et égal partout. Au point du jour, il invita les Barcéens à un pourparler : ils reçurent cette nouvelle avec joie, ne demandant pas mieux que d’en venir à un accommodement. On fit donc un traité, et on jura de part et d’autre, sur le fossé couvert, d’en observer tous les articles tant que ce terrain subsisterait dans l’état où il était alors. Les articles du traité portaient que les Barcéens payeraient au roi un tribut convenable, et que les Perses ne formeraient point de nouvelles entreprises contre eux.

Les serments prêtés, les Barcéens, comptant sur la foi du traité, ouvrirent toutes leurs portes, sortirent de la ville, et y laissèrent entrer ceux des ennemis qui voulurent y venir. Pendant ce temps-là, les Perses, ayant détruit le pont caché, entrèrent en foule dans la ville. Ils rompirent le pont, afin de ne point violer le traité qu’ils avaient juré d’observer tant que le terrain sur lequel ils le faisaient demeurerait en l’état où il était alors. En effet, le pont une fois détruit, le traité ne subsistait plus.

CCII. Les Perses livrèrent à Phérétime les plus coupables d’entre les Barcéens ; aussitôt elle les fit mettre en croix autour des murailles ; et, ayant fait couper le sein à leurs femmes, elle en fit border le mur. Les Barcéens furent tous mis au pillage par l’ordre de cette princesse, excepté les Battiades et ceux qui n’avaient eu aucune part à l’assassinat de son fils : ceux-ci eurent la permission de rester dans la ville.

CCIII. Les Perses, ayant réduit en esclavage le reste des Barcéens, se mirent en marche pour retourner en Égypte. Quand ils furent arrivés à Cyrène, les Cyrénéens, par égard pour un oracle, les laissèrent passer librement par leur ville. Pendant qu’ils la traversaient, Barès, qui commandait l’armée navale, leur dit de la piller ; mais Amasis, qui était à la tête des troupes de terre, ne voulut pas le permettre, leur représentant qu’ils n’avaient été envoyés que pour réduire Barcé. Lorsqu’ils l’eurent traversée, et qu’ils eurent assis leur camp sur la colline de Jupiter Lycéen, ils se repentirent de ne s’en être pas emparés. Ils re-

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