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TERPSICHORE, LIVRE V.

le récit que j’avais commencé, et raconter comment les Athéniens furent délivrés de leurs tyrans.

Hippias, irrité du meurtre de son frère, gouvernait avec la plus grande rigueur. Les Alcméonides, Athéniens d’origine, et qui s’étaient enfuis de leur patrie à cause des Pisistratides, bien loin de réussir à rentrer par force avec les autres bannis, avaient reçu un échec considérable, en tâchant de rentrer dans leur patrie et de lui rendre la liberté. Ils fortifièrent Lipsydrion, qui est au-dessus de Pæonia, et, mettant tout en usage pour détruire les Pisistratides, ils s’engagèrent avec les amphictyons[1] à bâtir pour un certain prix le temple qu’on voit à présent à Delphes[2], et qui n’existait point alors. Comme ils n’étaient pas moins distingués par leurs richesses que par leur illustre et ancienne extraction, ils rendirent ce temple encore plus magnifique que le modèle sur lequel ils l’avaient entrepris ; et entre autres choses, quoiqu’on fût convenu avec eux qu’ils le bâtiraient de pierre de Porus, ils construisirent la façade de marbre de Paros.

LXIII. Les Alcméonides étant à Delphes engagèrent, comme le disent les Athéniens, la Pythie, à force d’argent, à proposer à tous les Spartiates qui venaient consulter le dieu, soit en leur particulier, soit au nom de la république, de rendre la liberté à Athènes. Comme elle leur faisait sans cesse la même proposition, ils envoyèrent une armée sous

  1. Le nom d’amphictyons se donnait à la plus illustre assemblée de la Grèce. Dans l’origine elle n’avait d’autre objet de que protéger le temple de Delphes, et de rendre la justice à la multitude de ceux qui accouraient de toutes les parties de la Grèce pour consulter le dieu. Androtion prétend, dans son Histoire de l’Attique, que les peuples du voisinage de Delphes s’assemblant dans cette ville, cette assemblée prit de là son nom d’amphictyons. On peut regarder cette assemblée comme les états généraux de la Grèce. Elle se tenait deux fois par an, au printemps et en automne. Chaque ville qui avait le droit d’amphictyonie envoyait deux députés à cette assemblée. (L.)
  2. Le temple de Delphes, selon Pausanias, n’était, dans son origine, qu’une chapelle faite avec des branches du laurier qui croit auprès du Tempé ; un certain Ptéras de Delphes le bâtit ensuite d’une manière sans doute plus solide. On le construisit après en airain ; mais il fut englouti, ou fondu par le feu. Il fut bâti pour la quatrième fois en pierre, par Trophonius et Agamèdes. Ce temple fut brûlé la première année de la cinquante-huitième olympiade ; les amphictyons firent marché à 300 talents (1 620 000 fr.) pour le rebâtir, et taxèrent les Delphiens au quart de cette somme. (L.)

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