Page:Hérodote - Histoire, trad. Larcher, tome 2, 1850.djvu/100

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POLYMNIE, LIVRE VII.

la cavalerie ; et sur l’autre qui regardait la mer Égée, les bêtes de somme et les valets. Les dix mille Perses marchèrent les premiers, ayant tous une couronne sur la tête. Après eux venait le corps de troupes composé de toutes sortes de nations. Il n’en passa pas davantage ce jour-là.

Le lendemain les cavaliers et ceux qui portaient leurs piques la pointe en bas, passèrent les premiers : ils étaient aussi couronnés. Après eux venaient les chevaux sacrés et le char sacré, puis Xerxès lui-même, les piquiers et les mille cavaliers. Ils étaient suivis du reste de l’armée, et en même temps les vaisseaux se rendirent au rivage opposé. J’ai ouï dire aussi que le roi passa le dernier.

LVI. Quand Xerxès fut en Europe, il regarda défiler son armée sous les coups de fouet[1], ce qui dura pendant sept jours et sept nuits sans aucun relâche. Le roi ayant déjà traversé l’Hellespont, on prétend qu’un habitant[2] de cette côte s’écria : « Ô Jupiter ! pourquoi, sous la forme d’un Perse et le nom de Xerxès, traînes-tu à ta suite tous les hommes pour détruire la Grèce ? il te serait aisé de le faire sans leur secours. »

LVII. Les troupes ayant toutes défilé et étant en marche, il parut un grand prodige, dont Xerxès ne tint aucun compte, quoiqu’il fût facile à expliquer. Une cavale enfanta un lièvre. Il était aisé de conjecturer par ce prodige que Xerxès mènerait en Grèce avec beaucoup de faste et d’ostentation une armée nombreuse, mais qu’il retournerait au même lieu d’où il était parti, en courant pour lui-même les plus grands dangers. Il lui arriva aussi un autre prodige tandis qu’il était encore à Sardes : une mule fit un poulain avec les parties qui caractérisaient les deux sexes : celles du mâle étaient au-dessus.

  1. Chez les Perses, on faisait aller les troupes à l’ennemi sous les coups de fouet. Voyez Xénophon, Cyri expedit., lib. iii, cap. iv, § xvi.
  2. Lorsque vous trouvez, avec cet Hellespontien, Xerxès heureux dans le temps qu’il traverse la mer sur un pont de vaisseaux, jetez les yeux sur ceux qui percent le mont Athos sous les coups de fouet, et sur ceux à qui on a coupé le nez et les oreilles à cause que la tempête a détruit ce point de vaisseaux ; et considérez que c’est votre vie, que c’est votre état que ces gens trouvent heureux. (Plutarque, De animi tranquillitate, p. 470.)

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