Page:Hérodote - Histoire, trad. Larcher, tome 2, 1850.djvu/182

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
 Les corrections sont expliquées en page de discussion
183
URANIE, LIVRE VIII.

vaisseaux ciliciens, les détruisirent, et retournèrent à la rade d’Artémisium à l’entrée de la nuit.

XV. Le troisième jour, les généraux des Barbares, indignés de se voir maltraités par un si petit nombre de vaisseaux, et craignant la colère du roi, n’attendirent point encore que les Grecs commençassent le combat ; ils s’avancèrent vers le milieu du jour en s’animant mutuellement. Ces combats, par un hasard singulier, se donnèrent sur mer les mêmes jours que ceux des Thermopyles. L’Euripe était l’objet de tous les combats de mer, de même que le passage des Thermopyles l’était de tous ceux que livra sur terre Léonidas. Les Grecs s’exhortaient à ne point laisser pénétrer les Barbares dans la Grèce, et ceux-ci à détruire les armées grecques, et à se rendre maîtres des passages.

XVI. Pendant que les vaisseaux de Xerxès s’avançaient en ordre de bataille, les Grecs se tenaient tranquilles à la rade d’Artémisium. Les Barbares, rangés en forme de croissant, les enveloppaient de tous côtés, afin de les prendre tous. Mais les Grecs allèrent à leur rencontre, et en vinrent aux mains. On combattit en cette journée à forces égales ; car la flotte de Xerxès s’incommodait elle-même par sa propre grandeur et par le nombre de ses vaisseaux, qui se heurtaient les uns les autres et s’embarrassaient mutuellement. Elle résistait cependant, et ne cédait point. Quel opprobre en effet d’être mis en fuite par un petit nombre de vaisseaux ! Les Grecs perdirent beaucoup de bâtiments et un grand nombre d’hommes ; mais la perte des Barbares fut beaucoup plus considérable. Telle fut l’issue de ce combat, après lequel chacun se retira de son côté[1].

XVII. Parmi les troupes navales de Xerxès, les Égyptiens acquirent le plus de gloire ; et, entre autres belles actions, ils prirent aux Grecs cinq vaisseaux avec les troupes qui les montaient. Du côté des Grecs, les Athéniens se distinguèrent le plus, et parmi ceux-ci, Clinias, fils d’Al-

  1. Ce furent les Athéniens qui se distinguèrent le plus parmi les Grecs, et ceux de Sidon parmi les Barbares. « Bel Artémisium ! dit Pindare dans une ode qui n’est point venue jusqu’à nous, bel Artémisium, où les Athéniens ont jeté les glorieux fondements de la liberté ! » (L.)