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URANIE, LIVRE VIII.

n’avaient ni transporté leurs effets hors de leur pays, ni fait venir les provisions nécessaires, comme l’auraient dû des gens menacés d’une guerre prochaine ; et, par cette conduite, ils avaient mis leurs affaires dans une situation très-critique. Voici l’oracle de Bacis qui les concernait : « Lorsqu’un Barbare captivera la mer sous un joug de cordes[1], éloigne tes chèvres bêlantes des rivages de l’Eubée. » Comme ils n’avaient pas profité du sens de ces vers dans leurs maux actuels, et dans ceux qui les menaçaient, il devait leur arriver les plus grands malheurs.

XXI. Sur ces entrefaites arrive l’espion de Trachis. Les Grecs en avaient deux, l’un à Artémisium ; il s’appelait Polyas, et était d’Anticyre. Il avait un vaisseau léger tout prêt, avec ordre de donner avis aux troupes des Thermopyles des accidents fâcheux qui pourraient survenir à l’armée navale. Il y en avait un autre auprès de Léonidas ; c’était un Athénien nommé Abronychus, fils de Lysiclès ; il était prêt à partir sur un vaisseau à trente rames, s’il arrivait quelque échec aux troupes de terre, alin d’en avertir celles qui étaient à Artémisium. Cet Abronychus fit part, à son arrivée, du sort qu’avaient éprouvé Léonidas et son armée. Sur cette nouvelle, le départ ne fut plus différé, et l’on partit dans l’ordre où l’on se trouvait, les Corinthiens les premiers, et les Athéniens les derniers.

XXII. Thémistocles, ayant choisi parmi les vaisseaux athéniens les meilleurs voiliers, se rendit avec eux aux endroits où il y avait de l’eau potable, et y grava sur les rochers un avis que lurent le lendemain les Ioniens à leur arrivée à la rade d’Artémisium. Voici ce qu’il portait : « Ioniens, vous faites une action injuste en portant les armes contre vos pères, et en travaillant à asservir la Grèce. Prenez plutôt notre parti ; ou si vous ne le pouvez, du moins retirez-vous du combat, et engagez les Cariens à suivre votre exemple. Si ni l’un ni l’autre n’est possible,

    on le voit par le scoliaste d’Aristophane. Théopompe, dans son neuvième livre, raconte de ce dernier beaucoup de choses merveilleuses, et entre autres qu’il purifia et guérit les femmes de Lacédémone qui étaient devenues folles, Apollon leur ayant dit de s’adresse à lui pour les purifier. (L.)

  1. Dans le grec : de byblos.

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