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HISTOIRE D’HÉRODOTE.

que j’ai appris de ses mœurs, ce fût un homme de bien et très-juste. Aristide se présente à l’entrée du conseil, appelle Thémistocles, qui, bien loin de l’aimer, le haïssait au contraire beaucoup. Mais la grandeur des maux présents lui faisant oublier tout ressentiment, il l’appelle pour conférer avec lui. Il avait déjà entendu parler de l’empressement des Péloponnésiens pour se retirer vers l’isthme. Thémistocles étant sorti : « Remettons à un autre temps, lui dit Aristide, nos querelles, et disputons, dans les circonstances présentes, à qui rendra de plus grands services à la patrie. Que les Péloponnésiens parlent peu ou beaucoup sur le départ de la flotte, cela est égal. L’ennemi nous tient investis, j’en suis témoin oculaire ; les Corinthiens et Eurybiades lui-même ne pourraient se retirer, quand même ils le voudraient. Rentrez au conseil, et faites-lui part de cette nouvelle. »

LXXX. « Votre avis, repartit Thémistocles, est très-avantageux, ainsi que la nouvelle que vous venez m’apprendre, et dont vous êtes témoin oculaire ; c’est ce que je désire le plus. Sachez que les Perses n’agissent que par mon impulsion. Les Grecs n’étant point portés d’eux-mêmes à livrer bataille, il fallait les y forcer. Mais, puisque vous venez avec de si bonnes nouvelles, communiquez-les vous-même au conseil ; car, si je le faisais, on me soupçonnerait de les avoir inventées, et je ne persuaderais pas plus que si les Barbares n’avaient point fait cette manœuvre. Entrez donc, et faites part aux Grecs de l’état des affaires. Si l’on vous croit, tant mieux ; si l’on ne vous croit pas, cela sera égal : car si, comme vous le dites, nous sommes enfermés de toutes parts, ils ne pourront prendre la fuite. »

LXXXI. Aristide, étant entré au conseil, dit qu’il venait d’Égine, et qu’il avait eu bien de la peine à passer sans être aperçu de la flotte des Perses, qui enveloppait la leur de toutes parts ; qu’ainsi il leur conseillait de se mettre en

    entrait par tribus, et chacun mettait dans l’urne son ostracon, sur lequel était écrit son suffrage. S’il se trouvait six mille voix contre l’accusé, il fallait que dans dix jours il sortît de la ville ; sans ce nombre il n’était pas condamné. (Bellanger.)